Si nous ne profitons pas de cette crise…
C’est comme un dernier avertissement pour nous bousculer : comment allons-nous l’utiliser ? Les résistances vont être féroces, les défis himalayens. Il ne s’agit plus d’une transformation en douceur mais d’un renversement total. Nous allons devoir changer complètement d’échelle de valeur, de priorités, de rapport à la terre.
Déjà cette crise sanitaire nous oblige à réaliser que les professions vraiment essentielles à la vie sont finalement peu nombreuses : agriculteurs pour que nous puissions manger, gestionnaires de l’eau, éboueurs, personnels soignants, enseignants pour transmettre la connaissance à nos enfants et tous les métiers de la culture. Aucune hiérarchie dans cette énumération, c’est juste que nous avons découvert pendant ce confinement ce dont nous ne pouvons pas nous passer. Dans cette énumération, aucun financier, aucune multinationale, pas de Mac Do, de gigantesques parcs d’attraction, d’administrations tentaculaires, de publicitaires et tant d’autres… (J’ajouterais quand même les coiffeurs qui nous ont bien manqué !)
Ce sont les professions qui permettent d’entretenir la vie humaine et qui vont devoir être reconnues à leur juste valeur parce qu’elles sont indispensables à tous.
Alors pourquoi avons-nous créé progressivement ce réseau tentaculaire d’activités inutiles ? Sans doute le monde que nous avons laissé s’installer avec la suprématie de l’argent ne nous donne-t-il finalement pas le bonheur. Il faut donc multiplier les moyens de l’oublier en inventant mille distractions, mille façons d’oublier que cette vie n’a aucun sens. Notre modèle de société n’a ni intelligence ni générosité et repose sur une fuite en avant dont nous découvrons l’inanité et dont nous allons vivre sous peu, l’inévitable effondrement.
Nous sommes tous coresponsables de cette situation et avons les dirigeants que nous méritons. Inutile de chercher un bouc émissaire : nous sommes exploiteurs, individualistes, pollueurs, prompts à donner des leçons ; mais qui d’entre nous est prêt à renoncer à une infime partie de son confort, de ses revenus, de son pouvoir pour partager, se remettre en cause ? Changer le monde, oui, mais à condition que ça ne change rien pour moi.
Alors cette douloureuse expérience qui nous est imposée ne va servir à rien et l’espèce humaine disparaîtra de la planète pour le plus grand bénéfice de la nature que nous voyons reprendre sa place avec une rapidité stupéfiante.
Sauf si…