Association Réunionnaise de Yoga (ARY)

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Méditation des trois coupoles

Cette méditation s’enracine dans le corps, considéré dans le Tantra comme un « temple » où se manifeste l’Energie cosmique, l’Ultime.

La première coupole est la coupole du diaphragme, la deuxième, c’est la voûte au sommet du thorax et la troisième est la coupole crânienne.

Elles déterminent trois espaces dans le corps.

LA POSTURE

En pratique, il faut établir une assise correcte, au besoin sur une chaise. Il faut à la fois être confortable et fermement établi. Eriger la colonne vertébrale en réduisant les courbures. En basculant légèrement le bassin vers l’avant, déplacer le creux lombaire le plus bas possible. Réduire le creux de la nuque en rentrant légèrement le menton et en laissant monter le sommet du crâne vers le ciel. Avoir la sensation de se grandir.

LA PREMIERE COUPOLE

Constituée par le diaphragme, elle délimite la cavité abdominale et l’espace du bas ventre avec les glandes et les organes génitaux. On peut considérer que c’est à cet étage que l’intelligence supérieure du corps s’exprime le plus en nous. S’intérioriser à ce niveau, c’est se mettre en rapport avec cette intelligence qui est à l’œuvre à tout moment en nous. C’est cette même énergie qui à un niveau ultime est à l’œuvre dans tout le cosmos.

Cette coupole recèle également le pôle de l’espèce.

La cavité située sous la première coupole est occupée principalement par le tube digestif et ses annexes. Si nous réfléchissons honnêtement à ce qui se passe à ce niveau, nous nous rendons compte du travail extraordinaire de tous ces organes de la digestion qui se fait à la température du corps et à la pression atmosphérique normale.

Comme le rappelle André Van Lysebeth :

« Quand je croque une pomme, la pomme ou tout au moins une partie, grâce à cette intelligence supérieure du corps va devenir une part intégrante de moi-même. Et je n’y pense pas, cela me semble aller de soi. Sauf quand il y a un problème souvent lié à de mauvaises habitudes. »

Pensons également que les neuf premiers mois de notre vie se sont déroulés dans le ventre de notre mère et qu’ensuite notre vie s’entretient dans notre propre ventre. 2 Si nous évoquons alors, la reproduction, les glandes génitales, les ovules et les spermatozoïdes, ce qui se passe à ce niveau est tout à fait vertigineux. Ainsi cette minuscule cellule qu’est le spermatozoïde, porteuse de toute l’histoire de nos ancêtres et de l’humanité, est produite chaque jour à des millions d’exemplaires !

Tous ces exemples pour bien comprendre qu’en nous reliant à cet espace, en nous intériorisant au niveau abdominal, nous nous relions à cette intelligence supérieure qui est à l’œuvre dans notre corps, nuit et jour, même si nous n’en avons pas conscience. Bien sûr dans l’approche méditative, tout ce verbiage intellectuel est arrêté.

La méditation de la première coupole

Elle consiste simplement à s’intérioriser sur un point bien précis dans le bas ventre.

Pour localiser ce point, maintenir la sangle abdominale suffisamment tonique et allonger la respiration basse. La pression du diaphragme qui s’abaisse pendant l’inspiration va descendre jusqu’à une zone dans le bas ventre où elle sera bloquée.

A ce point de pression, nous pouvons en nous intériorisant percevoir aussi des pulsations cardiaques (artérielles, plus précisément). Au rythme de ces pulsations perçues, nous rajouterons mentalement des OM, OM, OM…

Ce point de pression où sont perçues les pulsations est également le centre de gravité du tronc. Il correspond très certainement au « hara » de la tradition Zen (Durkheim lui a consacré un livre). Nous devons nous sentir totalement stables dans notre position, tout au long de l’expérience, entièrement tournés vers les sensations proprioceptives ressenties dans le bas-ventre. Il est également possible d’accompagner la répétition des OM d’une contraction brève du périnée et du plancher pelvien (Amorce de Mula bandha).

LA DEUXIEME COUPOLE

Elle est délimitée par le haut de la cage thoracique et en bas par le diaphragme. Dans cet espace se trouve essentiellement le cœur et les poumons.

C’est l’étage des rythmes.

Tout le corps est imprégné de rythmes et ces rythmes sont en rapport de concordance avec les rythmes cosmiques.

Le thorax abrite les deux rythmes principaux du corps : Le rythme cardiaque et le rythme respiratoire.

« Ils sont, nous dit André Van Lysebeth, comme les deux chefs d’orchestre du corps et il faut qu’ils s’accordent entre eux afin que tous les autres fonctionnent en harmonie. Et aussi en harmonie avec les rythmes cosmiques. »

La vie sur terre a surtout été sous l’influence des rythmes lunaires qui régissent les marées et comme la vie s’est manifestée en premier dans les océans, elle s’est imprégnée de ces rythmes pendant des millions d’années. Actuellement, dans notre monde industriel civilisé, notre mode de vie se fait à contre-rythme par rapport aux rythmes vitaux de la planète.

La méditation de la deuxième coupole

Elle nous demandera de rester en relation avec notre cœur ou plus exactement avec les pulsations cardiaques Elle consiste déjà à être conscient du rapport entre rythme respiratoire et battements du cœur en laissant la respiration libre.

La zone du cœur est celle où nous localisons notre affectivité.

Effectivement à défaut d’être le siège des émotions, notre cœur les reflète et modifie son rythme selon l’émotion perçue. Ce rythme est alors transmis électriquement à l’ensemble du corps, à toutes les cellules qui sont informées de notre état émotionnel et permet à l’organisme de s’y adapter.

Ceci est possible, car contrairement aux nerfs qui sont entourés d’une couche de graisse isolante, le cœur lui n’est pas isolé électriquement du reste du corps.

Ce processus est utilisé à bon escient dans la pratique de la deuxième coupole en suscitant volontairement des émotions positives.

Dans la méditation, en général, nous allons éveiller délibérément des émotions.

Dans l’exercice de la deuxième coupole, je vais éveiller et laisser se propager dans tout le corps l’émotion (le sentiment) de Paix, de Force et de Joie. Ceci à l’aide d’images mentales susceptibles de faire naître ces sentiments.

Le sentiment de Paix va être suscité en s’imaginant assis au bord d’une grande étendue d’eau, lac ou étang, à l’heure du couchant quand tout s’apaise. L’atmosphère est paisible, l’eau est aussi lisse qu’un miroir, les lumières du soir se reflètent sur la surface du lac. Je m’imprègne de cette ambiance de paix en conservant la conscience 4 des battements du cœur. Et comme mon cœur bat en fonction de cette émotion, c’est tout l’organisme qui se laisse imprégner de ce sentiment de paix. Pour maintenir plus facilement notre attention, nous pouvons imaginer une bulle remontant de temps en temps de la profondeur du lac et créer des cercles qui s’agrandissent à la surface de l’eau.

Garder l’image aussi longtemps qu’elle reste agréable puis passer au sentiment de Force.

Le sentiment de Force, dans le sens « force intérieure », peut être évoqué avec l’image d’un arbre. Ce peut être un chêne ou localement un tamarin, un flamboyant ou tout autre arbre qu’on aime bien et dont on ressent la puissance. Apprécier son tronc majestueux, ses branches qui se déploient dans le ciel, ses puissantes racines qui plongent dans le sol. S’imaginer aussi fort que cet arbre et laisser ce sentiment se répandre dans tout le corps.

Pour le sentiment de Joie, le symbole universel est tout simplement le soleil levant. Il suffit localement de penser à la saison cyclonique, à la possibilité d’avoir plusieurs jours de pluie sans voir le soleil et à la joie de le voir réapparaitre un beau matin. La méditation de la deuxième coupole finit donc dans la contemplation joyeuse du soleil. Ce peut être le soleil levant au-dessus de l’horizon.

LA TROISIEME COUPOLE

La première coupole est délimitée par le diaphragme, la deuxième coupole est représentée par le sommet de la cage thoracique et la troisième coupole est représentée par la calotte crânienne.

Cette troisième coupole contient le cerveau, siège de la conscience.

Elle abrite le pôle de l’individu, le pôle de l’égo dans ce qu’il a d’indispensable pour vivre notre manifestation d’être humain, tout comme la première coupole abrite le pôle de l’espèce.

Quand on aborde le domaine du cerveau et de la conscience, deux conceptions s’opposent. Pour la majorité des neurophysiologistes modernes, la conscience est apparue à un moment de l’évolution de la vie sur terre quand la matière vivante a atteint un certain niveau de complexité. Quand le cerveau a permis l’émergence de la conscience. Pour le yoga et la pensée indienne en général, le cerveau est l’instrument du mental. La conscience est une composante première de l’univers, présente dès l’origine du cosmos.

Le mental est considéré selon cette conception comme un champ de forces qui englobe le cerveau. Le cerveau est comme un poste de radio qui permet de mettre en évidence et de capter les ondes hertziennes présentes dans l’atmosphère. Ce n’est pas le poste qui crée les ondes. Cette conscience est donc là présente dans toutes manifestations de vie, même les plus rudimentaires. Au niveau du corps, la conscience ne se limite pas au cerveau mais elle est présente dans chacune des cellules de l’organisme.

La méditation de la troisième coupole

Elle commence par la conscience de la zone du crâne et par la relaxation de cette zone. Pour cela, prendre conscience du cuir chevelu qui recouvre la boite crânienne et le détendre mentalement.

Puis prendre conscience de la structure osseuse du crâne qu’il est possible de détendre aussi mentalement. En effet, les os du crâne ne sont pas totalement soudés comme un monobloc, même s’ils sont solidement fixés ensemble par des ligaments. Les ostéopathes le savent bien qui perçoivent un mouvement, certes imperceptible, des os du crâne (notion de MRP : Mécanisme Respiratoire Primaire). Enfin, prendre conscience du volume intérieur de la boite crânienne et détendre mentalement le cerveau qui s’y trouve. L’abandonner à la pesanteur.

Le résultat de cette détente est la perception de pulsations dans une zone à mi-chemin entre les tempes. On y rajoute mentalement des OM, OM, OM …

Déplacer ensuite cette perception au point entre les deux sourcils et faciliter cela en dirigeant également le regard intérieur sur ce point.

Puis, en gardant la conscience des pulsations sur lesquelles sont rajoutés les OM, visualiser l’image du soleil levant. Imaginer son disque orangé au-dessus de l’horizon ou mieux prendre conscience de sa forme sphérique. Accueillir la chaleur de ses rayons en plein milieu du front et la laisser pénétrer par ce point entre les sourcils. Ressentir, avec un peu de pratique cette énergie subtile à l’intérieur de la boite crânienne. *

Cette pratique méditative peut se faire séparément sur une seule coupole. Il faut respecter, l’ordre de la première à la troisième, si on choisit par contre d’enchainer les trois coupoles.

Guy Martin

Sources : Stages internationaux de Denise et André Van Lysebet

Revues « Yoga » 262, 263, 264